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08/03/2014

Le clip sur le mariage forcé ?

...un symptôme (parmi d'autres) de l'irréalisme du milieu bobo :

 


Tapage autour du clip de quatre minutes contre les mariages forcés, diffusé sur le Net à l'occasion de la Journée de la femme : 14 millions de cris, de Liza Azuelos avec Julie Gayet. Ce film est sous-titré en anglais. En voici le thème : à Paris, Emma, 12 ans, est la fille d'un couple aisé. Elle rentre du collège. Sa mère (Julie Gayet) lui dit de se préparer pour une ''sortie surprise''. Elle lui met du rouge à lèvres, une belle robe blanche et une couronne de fleurs, sous les yeux du père (Alexandre Astier). C'est à la mairie qu'ils se rendent tous les trois : et, là, les deux parents remettent Emma à un septuagénaire au regard lubrique (Philippe Nahon). Sous les applaudissements d'un public tout aussi bourgeois, Mme la maire – tricolore en sautoir – déclare le vieux et l'enfant unis par les liens du mariage. Le clip s'achève sur le cri de la petite face à l'homme qui s'empare d'elle.

Les médias ont ovationné cette vidéo : ''court-métrage poignant qui touche en plein coeur '', affirme MetroNews...

Mais les spectateurs n'ont pas marché. À en juger par les messages, beaucoup ont reproché au clip de décrire ''autre chose que le monde réel''. Certains accusent l'auteur et ses soutiens médiatiques de faire partie d'une ''bobosphère en circuit fermé''. Leur argument : en France plusieurs dizaines de milliers de très jeunes filles sont mariées de force chaque année, chose effectivement atroce, mais ça se passe chez des immigrants récents et pauvres : et plus souvent ''au bled'' que dans l'Hexagone... D'où la perplexité des spectateurs devant le clip, qui met en scène des bourgeois parisiens.

Liza Azuelos explique ce qu'elle a voulu faire :'' Je ne suis pas là pour braquer la lumière sur une population et dire : regardez ce qu'ils font à leur femme... De plus, on a besoin de s'identifier pour être en empathie. C'est pourquoi j'ai choisi de tourner à Paris. Quand les gens vont voir ce film, ils vont ressentir quelque chose qu'ils ne pourraient pas ressentir si cela ne les concernait pas. C'est malheureux mais très humain. Mon métier en tant qu'artiste c'est d'interpeller les gens dans leur sensibilité."

Sans doute. La bonne intention de Mme Azuelos n'est pas en cause.

Ce qui l'est, c'est sa lucidité. Son clip est trop cérébral : une accumulation de fausses perspectives.

a) Le raisonnement sur ''l'empathie'' n'a aucun sens : à quoi sert-il de sensibiliser un public qui ne pratique pas ce qu'on dénonce, et qui ne peut rien pour l'empêcher ? Certains iront jusqu'à accuser Mme Azuelos d'avoir tourné quatre minutes de mauvais Buñuel pour se faire plaisir – et faire jouer Mme Gayet, idée très people.

b) Comme toutes les intentions au second degré, le clip de Mme Azuelos fait naufrage dans le premier degré... Beaucoup de spectateurs protestent que ''le mariage est impossible en France avant la majorité''.

c) Heureusement que le clip n'est pas destiné aux familles pratiquant le mariage forcé, qui sont d'immigration récente et connaissent mal la société d'accueil... Sinon elles en retireraient les impressions suivantes :

- la République française autorise les mariages forcés, puisque les maires les célèbrent et semblent les approuver ;

- la France avoue cela au monde entier, puisque le clip est sous-titré en anglais ;

- si des gens riches (modèle de réussite) pratiquent le mariage forcé de leurs fillettes, pourquoi empêcherait-on les pauvres d'en faire autant ?

- et comme Mme Gayet est notoirement la maîtresse du président de la République, quelques-uns pourraient imaginer que celui-ci approuve les mariages forcés...

''Mais c'est l'inverse de ce que j'ai voulu dire'', protestera Mme Azuelos ?  Quand on n'est pas capable de dire clairement et simplement de quoi on parle, mieux vaut se taire.

Quant aux médias  selon qui ce film (raté) ''touche au coeur'', ils devraient se demander : le coeur de qui. Ce serait un pas en avant dans leur compréhension de la crise de la presse.

 

 

 

Commentaires

DÉCONSTRUCTION DU RÉEL

> Et pendant que se tournait ce morceau de balourds, François Hollande s’égayait en exigeant le « mariage pour tous »… Ce petit film, vu la notoriété de sa principale interprète – dans le rôle de la maman perverse –, est un témoignage pour l’histoire, un indice de plus de la déconstruction du réel à l’œuvre au sommet de l’Etat.
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Écrit par : Denis / | 08/03/2014

DÉSINTOX

> A moins qu'ils ne se repentent comme Kerviel, je crains pour eux que le pays réel, à bout, ne finisse au mieux par les bouter hors de France, ces bobos inessentiels, excroissances inutiles et parasitaires d'une ex-croissance qui n'a profité qu'à leur tout petit microcosme.
Ils ont réussi avec la complicité des médias et autres revendeurs de rêves à nous rendre un temps addicts de leurs images virtuelles.
Mais le corps tout entier est en train de développer un rejet massif de cette mauvaise droque que leurs intrigues, scenarii de pacotille derrière lesquelles ils cachent le détournement des forces vitales du peuple au profit de Mammon.
Oui, je crains que la cure de désintoxication dont je vois les premiers signes ne soit violente pour eux.
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Écrit par : Anne Josnin / | 08/03/2014

PARFAIT

> C'est en effet un signe parfait d'un petit monde où l'on satisfait sa petite conscience en pensant lutter contre un mal (réel) avec un petit film qui sera vite oublié. Avant de revenir à ses petites affaires.
Notons aussi que si la fillette du film avait deux ou trois ans de plus, les parents seraient dépeints comme d'affreux réactionnaires s'ils la mettaient en garde contre une certaine "liberté".
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Écrit par : Sven Laval / | 08/03/2014

Commentaire de l'inénarrable NVB via le corrosif Fik:

http://fikmonskov.wordpress.com/2014/03/08/la-connerie-a-ce-point-la-ca-confine-au-genie-2/

Oui, qu'ils continuent comme cela, ça va balayer!
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Écrit par : Pierre Huet / | 08/03/2014

TOUCHER LE COEUR

> J'ai vu, par hasard, ce stupide clip, mon "coeur" n'a pas du tout été touché : une production de la bobospère, centrée sur ses délires.
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Écrit par : Aurélien Million / | 08/03/2014

SUBLIMINAL

> Tweet sur le contenu du clip Azuelos :

Sierra Delta ‏@montestdemail
@dePLUNKETT1
Pire: les images subliminales du Christ (seconde 36), d'église, et la musique de Bach révèlent un anti catholicisme pervers.
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Écrit par : tweet / | 08/03/2014

DISCUSSION

> Ce clip ne m'a pas choqué, je m'explique.
J'ai vu juste avant le clip de "Save the children", celui-ci, là: http://lareclame.fr/71520+save+children+syria
qui utilise exactement le même ressort: transposer des souffrances qu'on estime un peu trop loin pour se sentir vraiment concernés dans notre univers afin de stimuler notre empathie. Ce procédé ne me choque pas. En effet, tout ce que l'on fait à l'un de ces petits qui sont Ses frères, c'est à Lui qu'on le fait; or, force est de constater que nous réagissons plus facilement si le petit en question ressemble bien aux nôtres, alors que nous sommes appelés à ne faire aucune différence. Et, surtout, à bien réaliser ce que ça veut dire "cette souffrance-là dans son univers familier". Car le décor ne change rien à la souffrance. En ce sens, ce clip, je le reçois comme "que ce ne soit pas dans vos familles ne change rien: cette atteinte à la dignité humaine est inacceptable, ne la cachez pas sous le tapis sous prétexte que ce n'est pas chez vous". Cet appel à l'universalité me paraît tout à fait légitime.
En revanche, il y a deux problèmes:
D'une part, ça ne sert à rien de culpabiliser des communautés qui n'ont rien fait, et ça ne sert à rien de mobiliser des personnes totalement impuissantes sur le dossier, justement parce que ça ne se passe pas dans leur groupe culturel. ça touche en plein coeur, mais pour des clous. Certes. Cela dit, je n'y connais rien mais il doit bien exister des associations qui jettent des ponts entre les communautés, capables d'agir avec pertinence et respect, que l'on peut rejoindre. Que le public cible ne pratique pas ce qu'on dénonce, certes; qu'il ne puisse l'empêcher, c'est moins certain.
Second point: ce clip est inadapté parce qu'il correspondrait mieux à un public cible en situation de prospérité béate, sereinement ignorante d'une souffrance à ses portes, et qu'il tombe dans une société divisée, à bout de nerfs, pis que sur la défensive, et qu'il était prévisible que chacun, au lieu de réagir à l'appel à l'universalité, le prendrait pour soi (une attaque antichrétienne, alors que la scène se déroule dans une zoulie mairie républicaine avec une madame le maire conformément à la parité ?)
C'est vrai. Malheureusement, à ce compte-là, cette société risque d'être imperméable à tout appel à l'empathie, a fortiori à la sympathie, alors même qu'elle en aurait besoin pour s'extirper de la spirale du repli en clans.
Bref... avis nuancé, et constat qui révèle à quel point le débat public est désormais un vaste champ de mines...

Phylloscopus


[ PP à Ph. - Il ne s'agit pas d'être concerné ou pas, empathique ou pas. Il ne s'agit pas d'émotionnel, contrairement à ce que croit le milieu pub-cinéma. Il s'agit de savoir qui peut faire quelque chose...
Dans le petit monde auquel le clip fait allusion par procédé de décalage, chacun est en réalité convaincu que le mariage forcé est une ignominie, et personne n'y peut rien. Sauf ceux (rares) qui sont engagés dans le travail avec les communautés immigrées ; et ceux-là sont plus au courant du drame que Mme Azuelos !
On est donc en présence d'un de ces "créations" bobos qui ont l'air généreux, mais qui sont (excusez-moi) de la branlette facile, sans la moindre responsabilité sociale.
Le milieu politique correspondant au milieu artistique de Mme Azuelos est d'ailleurs en train de ratiboiser les budgets d'aide sociale pour satisfaire aux injonctions de Bruxelles...
- Faites-moi la grâce de considérer que mon analyse ne parle absolument pas d'une attaque anticatholique, que je n'ai, pour ma part, pas ressentie après avoir visionné le clip deux fois. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Phylloscopus / | 08/03/2014

> Bach était luthérien.
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Écrit par : Blaise / | 08/03/2014

> Sauf erreur, Bach n'était pas catholique ... xD
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Écrit par : Roque | 08/03/2014

BOBOCRATIE

> Et cet horrible rap qui defigure Bach, tout un symbole ! Cette bobocratie sème la désolation sur notre culture. F Belghoul l a dit: le rap a été le vecteur privilégié de la destruction sociale dans les banlieues.
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Écrit par : ludovic / | 08/03/2014

> Mais quel mensonge à soi même de cette caste politico médiatique !
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Écrit par : ludovic / | 08/03/2014

@ Anne

> "Oui, je crains que la cure de désintoxication dont je vois les premiers signes ne soit violente pour eux"

A bon ? Tu crois ? Alors qu'il leur suffira de se barrer à l'étranger quand ça commencera à chauffer et de laisser les "petits" (ceux à qui il ne restera rien et ceux qui auront juste un peu plus qu'eux) s'entretuer...
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Écrit par : Feld / | 09/03/2014

GAME OVER

> Grand merci cher PP pour cette analyse et cette fulgurante lucidité et aussi à toi Anne pour ce commentaire tellement juste et finalement jubilatoire !
Merci à tous , oui ça sent le "game over" (en français : ovaire-gaine), le grand Tilt libérateur !
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Écrit par : escargolibri / | 09/03/2014

DISCUSSION

> Cette vidéo me paraît viser à la prise de conscience, sur le thème "ce n’est pas parce que ça n’arrive pas chez nous que ça n’arrive pas ailleurs", dans la droite ligne de cette vidéo ci qui me semble-t-il a été universellement louée : http://www.youtube.com/watch?v=RBQ-IoHfimQ
Je vois donc mal ce que l'on peut reprocher à la vidéo de Mme Azuelos.

Tilt


[ PP à T. :
- Les deux vidéos sont incomparables. Celle qui évoque la guerre civile de Syrie n'incrimine pas de Londoniens. La vidéo de Mme Azuelos, elle, pointe du doigt un "voisin potentiel", concret et fantasmatique à la fois. Elle agit sur le vindicatif en plus de l'émotionnel. C'est aux limites du pervers.
- Considérez-vous que les critiques énoncées ici sont sans objet ? Expliquez-nous pourquoi. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Tilt / | 09/03/2014

PAS D'ACCORD

> Je viens de visionner ce clip, et ne suis pas tout à fait de votre avis. Je trouve que, notamment au début, il crée un gros malaise, justement par la transposition du mariage forcé dans notre monde de "bobos civilisés". Le second degré est là, et immédiatement éprouvé comme quelque chose de choquant, qui nous fait ressentir une violence très particulière. C'est un petit film sur le mal, malgré d'évidentes faiblesses esthétiques. Il démontre le mal, qui est partout, qui surgit à tout moment, qui est universel, et ceci sans ostraciser telle communauté plutôt qu'une autre. Personnellement, j'ai trouvé la chose relativement efficace. Là, on s'est donné les moyens de proposer une esquisse de morale, ou du moins on a fait ce qu'on a pu pour cela, pour le communiquer aux autres et peut-être déjà à soi-même. C'est déjà beaucoup.

jem


[ PP à jem - Vous auriez raison si ce clip ne se présentait pas comme une intervention concrète pour faire changer les choses ! Or sa formule même le lui interdit... Faire ainsi quelque chose de cérébral et (disons-le) de mondain, à propos d'un drame humain massif, relève à mon avis du dandysme, inacceptable en la matière. Je connais pas mal de gens qui ont visionné le clip ; ils étaient contre le mariage forcé avant le clip, ils sont toujours contre après, et le clip n'y est pour rien. Si vous parlez du clip à des travailleurs sociaux, ils haussent les épaules. ]

réponse au commentaire

Écrit par : jem / | 09/03/2014

PAS VU

> Les catholiques dépeints dans ce clip sont même des sympathisants de LMPT, prêts à tout pour remettre Pierre Bergé (le "septuagénaire lubrique" lui ressemble un peu, non ?) dans le droit chemin du désir hétérosexuel…et qui y réussissent (lol) !

Feld


[ PP à F. - Pardon, mais je n'ai pas vu dans ce clip ce que vous y voyez... ]

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Écrit par : Feld / | 09/03/2014

COMPARAISON

> Si je comprends bien, vous êtes opposé à ce clip parce qu'il "ne sert à rien" et que les personnes qui le verront "ne sont pas concernées". Je crois que c'est une grave erreur.

La situation me paraît comparable à l'excision : comme vous dites "à quoi sert-il de sensibiliser un public qui ne pratique pas ce qu'on dénonce, et qui ne peut rien pour l'empêcher" et pourtant c'est bien en sensibilisant les familles, les voisins, les enseignants sur l'existence et la réalité de ces pratiques qu'elles peuvent être identifiées et empêchées, tout comme ces gamines récemment interceptées grâce à l'intervention de donneurs d'alerte à la veille de leur départ pour Londres où elles allaient être excisées.
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Écrit par : Tilt / | 09/03/2014

TROP BON

> "La bonne intention de Mme Azuelos n'est pas en cause."

Vous êtes trop bon...
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/03/2014

INSULTE

> Ce clip est une insulte aux sociétés occidentales en général, aux catholiques en particulier. Et une insulte déguisée à la République, le maire jouant un rôle dégradant. Un maire "femme" de surcroit... pour la "journée de la femme", ce ne pouvait donc pas être de plus mauvais goût...
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Écrit par : Hélène / | 12/03/2014

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